L’âge d’eau
- Benjamin Flao
- Aventure
- B.D.
- Dystopie
- Résilience
Le résumé
Nous sommes en France, l’eau est montée et il n’y aura pas de décrue. Face à ce nouveau phénomène, beaucoup de populations sont déplacées et survivent comme elles peuvent sur les terres émergées ou apprennent « à flotter ». Les grandes villes, comme les grands pôles industriels, sont, quant à eux, systématiquement entourés de digues et soumis à des normes sanitaires.
Face à l’insalubrité potentielle de ces modes de vie « hors des digues » et au danger qu’ils représentent, les autorités invitent ces populations à venir rejoindre au plus vite les centres d’hébergement d’urgence construits à la chaîne, sous peine de perdre certains de leurs droits citoyens.
Une famille, qui a vu son habitat noyé par la montée des eaux, refuse d’obéir à l’injonction gouvernementale. Ils vivent sur une maison flottante. Jeanne, la mère, préfère cette liberté. Jeanne a deux fils, Hans et Groza, et un chien médium. Groza, un ancien CRS, traumatisé par son passé, ne parle plus que par onomatopées et a développé l’étrange manie de vouloir régler tous les problèmes. Hans vit une séparation douloureuse avec la mère de sa fille Vinee. Ils cherchent un lieu émergé où ils pourront vivre en paix, et sont prêts à lutter contre la nature déchaînée mais aussi contre les hommes, capables des pires bassesses pour survivre à ce monde en mutation.
Un récit d’anticipation aux préoccupations très actuelles et personnelles, dont les deux tomes nous mènent dans des Pays de la Loire noyés par la montée des eaux.
La critique du Chat Botté
L’avis de Marie:
Une bande dessinée dont je n’attendais rien mais absolument époustouflante.
En bonne lectrice de romans avant tout, ce qui m’attire en tout premier dans une BD, c’est généralement le graphisme. J’aime en avoir plein les yeux dès l’ouverture, et j’avoue que L’âge d’eau ne m’a pas plu au premier abord. Je trouvais ses dessins un peu brouillon, avec leurs lignes plus épaisses que d’autres et ses personnages un peu grossiers; totalement à l’opposé de la « ligne claire » si chère à la tradition de la BD belge. Mais force est de constater que je me suis trompée en jugeant trop rapidement cet ouvrage, et je suis bien contente de le reconnaître: au final, L’âge d’eau est un de mes plus gros coups de cœur BD de ces derniers mois.
Cela se passe dans le futur, mais ça semble très proche de nous. L’eau a inondé la France entière, et la population se voit contrainte de se déplacer vers des centres d’hébergement. On suit des personnes qui tentent de s’adapter dans ce monde qui change, et parfois de résister face à la contrainte. Le récit est entrecoupé par le point de vue d’un chien, plein de poésie et de mélancolie…
Entre un propos écologique et social fort et une intrigue vraiment prenante, cette bande dessinée a tout pour plaire et me touche profondément. Le dessin qui m’a un peu déplu au départ est en fait absolument parfait pour son contenu: son côté dur et confus se marie superbement avec le propos, et illustre les conditions de vie rude, les habitats de fortune, la précarité, la fatigue des gens dont l’existence se fait avec des bouts de ficelle. Les passages du point de vue du chien contrastent, avec des couleurs douces et des textes oniriques. C’est tout bonnement magnifique.
J’insiste: courez découvrir L’âge d’eau et laissez-vous bouleverser. Pour ma part, j’attends avec grande impatience la suite…
Prix: 22 €
Parution le 12/01/2022
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