La marcheuse
- Samar Yazbek
- Roman
Le résumé
Rima aime les livres, surtout Le Petit Prince et Alice au pays des merveilles, le dessin et… marcher. La jeune fille, qui ne parle pas, souffre d’une étrange maladie : ses jambes fonctionnent indépendamment de sa volonté, dès qu’elle se met à marcher elle ne peut plus s’arrêter.
Un jour d’août 2013, alors qu’elle traverse Damas en bus, un soldat ouvre le feu à un check-point. Sa mère succombe sous les balles et Rima, blessée, est emmenée dans un hôpital pénitencier avant que son frère ne la conduise dans la zone assiégée de la Ghouta. Et c’est là, dans cet enfer sur terre, que Rima écrit son histoire.
À travers la déambulation vive et poétique de cette adolescente singulière dans l’horreur de la guerre, Samar Yazbek continue son combat pour exposer aux yeux du monde la souffrance du peuple syrien.
La critique du Chat Botté
L’avis de Stéphanie :
La marcheuse est un roman qui a tout de suite attiré mon attention lors de sa sortie.
La quatrième de couverture évoque une héroïne qui a une étrange maladie : elle ne peut pas s’empêcher de marcher – d’où le titre du roman. Pour l’empêcher de déambuler, sa mère l’attache, soit à elle-même, soit à un endroit. Seulement, alors que les deux femmes se rendent un jour à Damas, un incident coupera ce lien, autant physique qu’émotionnel. A ce moment, j’ai personnellement imaginé l’histoire de cet enfant qui se mettrait à parcourir la Syrie et donnerait plusieurs portraits de la guerre et des horreurs qui s’y déroule. Attention, ce n’est pas du tout ce genre d’histoire !
L’héroïne est loin de gagner une forme de « liberté » dans ses mouvements. Au contraire, elle est enchainée d’un endroit à l’autre, d’une personne à l’autre. A bien y réfléchir, l’horreur des scènes en est sans doute décuplée au vu de cette impossibilité d’échappatoire. Les soldats, les réfugiés, les bombes, les morts, les hôpitaux, la famine, tout cela est transcendé par cette maladie et par l’écriture très visuelle de l’auteure. Car tout l’intérêt de ce roman réside principalement dans l’écriture !
Si l’on devait qualifier La marcheuse, le mot « surréalisme » surgirait rapidement des lèvres des lecteurs. L’héroïne s’adresse directement à nous. Elle nous confie son histoire alors qu’elle est coincée dans un souterrain. Elle nous emmène d’une histoire, d’une confidence, d’un souvenirs, d’une idée à l’autre en permanence, telles les pensées qui nous traversent continuellement chaque jour. Ceci est quelque peu éprouvant à lire, mais n’entache pas le charme du roman.
Par ailleurs, la petite fille est une artiste. Elle aime plus que tout imaginer et dessiner ses propres histoires ou celles tirés du Petit Prince ou encore d’Alice au pays des merveilles. Il est difficile d’expliquer tout l’aspect visuel qu’offre l’écriture. Ce sont des peintures qui se dévoilent à la lecture et celles-ci s’inscrivent profondément en nous rendant ce livre des plus marquants. Il mériterait réellement de recevoir une adaptation graphique.
Si la lecture de ce livre m’a paru parfois difficile, j’en garde une image profonde en moi. Une image probablement nécessaire et plus percutante que les milliers d’autres qui traversent notre quotidien via les multitudes d’écrans. Le pouvoir de l’écriture et de la littérature se marque décidément grâce à des ouvrages de ce genre !
Date de parution : 22/08/2019
Prix : 20,99€
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